Par Charles-Alexandre Décoste

Lors de la fixation d’un prix pour un produit culturel, il est inévitable que l’équipe en charge d’une telle tâche soit consciente des objectifs de l’entreprise. Ceux-ci sont reliés à différentes variables associées à la composition commerciale de l’entreprise. Dans son livre, Colbert1 dénombre quatre catégories distinctes d’objectifs poursuivis autour de la variable prix, chacune d’entre-elles découlant d’une stratégie marketing unique. Voici une description rapide de ces quatre grandes catégories (Colbert, p. 145-147):

  • Objectifs liés aux profits ou aux surplus: Objectifs destinés à diminuer le prix pour augmenter l’accessibilité d’un produit, agrandir sa part de marché et réduire certaines variables négatives de l’expérience client. On ne recherche pas nécessairement de profits, mais plutôt un équilibre financier (optique produit). À l’opposé, ces objectifs peuvent être d’augmenter le prix d’un produit pour y générer des profits considérables (optique marché). Il y existe également une troisième position possible, celle-ci mitigée entre les deux premières.
  • Objectifs liés aux ventes: Objectifs destinés à augmenter sa part du marché en diminuant son prix. Elle peut tout aussi jouer sur l’expérience client d’un certain produit et des services connexes offerts.
  • Objectifs liés au maintien de l’équilibre concurrentiel: Objectifs destinés à se fier à la concurrence pour définir son prix, prenant donc une position claire par rapport aux compétiteurs pour garder ou améliorer sa part de marché.
  • Objectifs liés à l’image de l’entreprise: Objectifs destinés à définir son prix en rapport avec la dimension symbolique du produit ou de l’entreprise. On peut voir le prix comme une représentation du prestige ou de la notoriété d’un ou l’autre.

En ayant ceci en tête, parlons d’une branche du milieu audiovisuel en pleine expansion depuis quelques années, celui des podcasts (ou baladodiffusions), pour y illustrer une de ces catégories. Il y existe maintenant différentes plateformes de financement participatif pouvant aider les créateurs et créatrices de podcasts ou d’autres disciplines à financer ou rentabiliser leur produit. On peut penser ici à une plateforme telle que Patreon2, qui en 2018 a procédé à des paiements aux créateurs d’environ 300 millions de dollars3.

En naviguant sur différentes pages de podcasts comiques offerts sur ce site, j’ai remarqué une tendance dans les prix, ce qui m’apporte à croire à une certaine stratégie reliée à l’équilibre concurrentiel. En effet, lorsqu’on regarde ce type de contenu, tel que Mike Ward Sous Écoute, What’s up podcast, 3 bières ou Pantelis4, tous des contenus d’ici, on remarque que les différents abonnements entrent tous dans la même tranche de prix ainsi que dans les mêmes avantages offerts pour chacun (1$-2$-3$-5$-10$-25$/mois). Ceci est aussi vrai pour des contenus non québécois, comme The Normies5. Il est intéressant de noter qu’un abonnement joue grandement sur l’expérience client en termes d’accessibilité. La question revient alors à la nature de ces tarifs: serait-ce dû à la nouveauté du type de produit et de son financement particulier amenant une connaissance minime des variables du contexte? Ou bien d’un positionnement individuel face à une concurrence de plus en plus grandissante avec une notion de prix déjà bien établie? Peut-être même une part des deux?

1. Colbert, F. (2014) Le marketing des arts et de la culture. 4e édition. Chenelière Éducation. Montréal, Canada.
2. https://www.patreon.com/
3. En 2017, la sommes d’environ 150 millions avait été accumulée. La plateforme garde toutefois environ 10% des revenus.
https://techcrunch.com/2019/02/12/patreon-business/#:~:text=Patreon%20reports%20the%20total%20number,least%20one%20patron%20is%20132%2C500.
4. https://www.patreon.com/sousecoute
https://www.patreon.com/whatsuppodcast
https://www.patreon.com/3Bieres
https://www.patreon.com/Pantelis
5. https://www.patreon.com/thenormies